Michael McNurney : Bonjour et bienvenue dans la série vidéo de Janus Henderson consacrée à la crise du COVID. Je m’appelle Michael McNurney et aujourd’hui je reçois un visage familier de ceux qui ont suivi cette série de vidéos, en la personne de Dan Lyons, docteur en immunologie de l’université de Stanford. Dan est notre analyste attitré et expert en biotechnologie chez Janus Henderson. Je reçois également aujourd’hui un nouveau visage dans cette série, avec Matt Peron, le nouveau Responsable de la recherche de Janus Henderson, qui nous donnera un aperçu de l’économie au sens large et de la façon dont Janus Henderson perçoit les entreprises qui sont touchées par ce virus particulier.
Dan, je voudrais commencer par vous. Nous avons constaté une recrudescence du COVID dans certaines régions qui se sont récemment déconfinées. Une deuxième vague est-elle inévitable dans les endroits qui ont déconfiné trop tôt ?
Dan Lyons : À l’heure actuelle, il y a environ deux millions de cas de contamination aux États-Unis, avec des pics de nouveaux cas dans certaines régions du pays, comme l’Arizona et le Texas. Dans d’autres régions qui avaient été durement touchées auparavant, comme New York et le New Jersey, le nombre de cas a passé le pic et diminue désormais. Nous voyons donc des disparités entre les régions du pays, et nous constatons avec inquiétude que les taux de nouveaux cas commencent à augmenter dans certains des États qui avaient mis fin au confinement relativement tôt.
Au niveau mondial, certains pays sont encore dans une phase de croissance exponentielle, comme en Amérique du Sud et notamment au Brésil. Nous constatons également une forte recrudescence des cas dans certains pays, comme l’Iran, qui se sont déjà déconfinés. Ici, aux États-Unis, nous souhaitons absolument éviter un tel scénario.
MM : Dan, l’industrie biopharmaceutique continue ses travaux de mise au point d’un vaccin ou d’une thérapie à un rythme très impressionnant. Quelles sont les dernières nouvelles concernant les efforts déployés pour tenter de traiter la maladie ?
DL : Effectivement, des progrès considérables ont été réalisés. Tout d’abord, certaines entreprises commencent déjà les essais cliniques sur des anticorps thérapeutiques, ces derniers étant, à mon avis, l’un des moyens les plus prometteurs de traiter une infection active et peut-être même de la prévenir. Des données cliniques devraient être disponibles à l’automne.
En revanche, à long terme, il nous faut quelque chose de plus que des traitements et, dans ce domaine, les vaccins sont la réponse. Je suis très optimiste quant à la possibilité, à terme, d’obtenir un vaccin. Cinq modalités différentes sont actuellement en cours de développement dans plus de 100 entreprises. Certaines données cliniques positives, issues de ces programmes, commencent déjà à se manifester et plusieurs de ces programmes passeront à la dernière étape du développement clinique (essais cliniques de phase 3) au cours de l’été, en juillet.
MM : Matt, je voudrais maintenant me tourner vers vous. Avons-nous besoin d’un vaccin pour que l’économie et le marché reviennent « à la normale », ou pouvons-nous y parvenir plus tôt ?
Matt Peron : Tout dépend de ce que vous définissez comme normal. Je pense que nous arriverons à une « nouvelle normalité » en temps utile. Pour l’heure, nous commençons à voir un début de normalisation, tant en termes d’activité réelle que de données sur la mobilité, etc. Nous le constatons également sur les marchés, ce qui explique en partie la reprise observée ces dernières semaines et il y a de l’espoir que nous renouions avec un certain degré de normalité, quelque part entre l’ancienne normalité et le plus fort du confinement.
MM : Pouvez-vous peut-être nous parler un peu de ce que sera la nouvelle normalité et préciser qui seront les gagnants et les perdants de celle-ci ?
MP : Mike, je vois deux points essentiels. Tout d’abord, il faut distinguer entre les gagnants et les perdants, mais aussi les perdants temporaires. En effet, certaines entreprises sont temporairement disloquées, mais nos analystes font leur travail et estiment que leurs modèles économiques resteront intacts. C’est dans ces entreprises que nous voyons des opportunités.
Le deuxième point important que nous observons à ce jour (mais nous n’en sommes encore qu’au début) est que, lorsque nous étions au cœur de la crise, en fin mars et début avril, beaucoup d’entre nous dressaient des scénarios apocalyptiques, tant en termes de gravité que de durée de la crise. Or, de manière générale, ces scénarios apocalyptiques ne se sont pas réalisés. Nous sommes donc prudemment optimistes (mais attention, je généralise encore et, en fin de compte, la situation sera très contrastée d’un secteur à l’autre) nous sommes donc prudemment optimistes quant au fait que certains des cas considérés comme les plus graves en termes de dommages fondamentaux durables, ne seront pas aussi graves que ce que l’on craignait il y a quelques mois.
MM : Dans l’ensemble, les entreprises ont-elles obtenu un blanc-seing pour le premier trimestre en termes de revenus et de bénéfices ?
MP : De manière générale, le marché regarde au-delà du premier trimestre et même du deuxième trimestre et cherche plutôt à évaluer les perspectives pour 2021 et à déterminer quelle sera la voie de la reprise. Voilà pourquoi le marché est si volatil aujourd’hui. Lorsqu’il y aura des données suggérant une accélération de la reprise, le marché progressera et lorsque les données suggéreront des difficultés, le marché se repliera.
MM : À mesure que les fondamentaux reprennent le dessus, je suppose que la corrélation entre les actions va s’effondrer.
MP : Normalement, dans ce genre de marché baissier, on constate que l’influence macroéconomique sur les actions et les secteurs est le véritable moteur du marché. C’est ce que nous avons observé, mais de manière extrême et, concrètement, sans commune mesure avec ce que nous avions pu voir jusqu’à présent. Autrement dit, les actions étaient essentiellement tributaires des données macroéconomiques. Au fur et à mesure de la reprise, nous nous attendons à ce que l’importance de ce facteur diminue tandis que d’autres facteurs, tels que les fondamentaux des entreprises ou des secteurs renforcent leur influence sur le cours des actions. Et pour, répondre à votre question, Mike, cela donne l’occasion à nos analystes de faire vraiment leur travail et de déterminer qui va s’en sortir, en mieux ou en pire, à l’issue de cette crise.
MM : Messieurs, merci beaucoup pour votre intervention. Nous sommes très reconnaissants et nous remercions tous nos téléspectateurs. Merci beaucoup pour votre attention.